5 place de la Mairie
26 410 Menglon
04 75 21 15 70
Commission Information & communication
Menglon (26410) est une commune du Haut-Diois dont le nom pourrait être d'origine celte :
Menglon se traduirait alors par "montagne ronde".
Le territoire de 36,47 km² combine quatre types d'espaces allant de 487 m à 1501 m d'altitude:
Les zones naturelles apportent une richesse de la faune et de la flore, notamment sur le massif de la Grésière et dans la zone Natura 2000 le long du Bez, mais aussi le long des cours d'eau où l'on croise loutres et castors... Les forêts sont peuplées de pin noir d'Autriche, de pin sylvestre, de chêne pubescent et de quelques hêtraies en altitude.
Menglon est une commune particulièrement attractive depuis les années 1980, avec 533 habitant.es dont la moitié est arrivée depuis moins de 10 ans et où les deux-tiers des 370 logements sont des résidences principales.
Après une majorité de retraités, la plupart des Menglonnais.es travaille hors de la commune, comme professions intermédiaires et employés, cadres, artisans-commerçants, et enfin agriculteurs (6%) qui travaillent une superficie de 772 hectares: plantes aromatiques, noyers, pommiers, chênes truffiers, et surtout la vigne - dont près de 99% des 80 ha sont en AOP (Châtillon en Diois, Clairette de Die, Crémant…).
Photo © Cyril Bernard
par René Joanin
Utilisant un document de Sylvaine Laborde-Castex, un groupe de menglonnais (C. Gardelle, N. et H. Lagarde, R. Joanin et M. Tessier) organise un week-end autour du centenaire du monument aux morts.
Le samedi soir fut consacré à une conférence par Sylvaine Laborde-Castex sur l'histoire du monument ; le dimanche, la salle du conseil municipal accueillit une exposition rassemblant des objets, lettres, documents, etc. récoltés auprès des familles.
Voici quelques mots pour retracer l'histoire de ce monument portant les noms des 37 Menglonnais morts pendant la 1ère guerre mondiale, « la Der des Der ».
L'installation du Monument
Dès la guerre finie, la question du souvenir des combattants, morts comme vivants, se pose. A Menglon, un repas est organisé en octobre 1919, une souscription lancée, une somme de 600 francs allouée par le conseil municipal, « considérant qu'aucun poilu ne doit payer ».
En septembre 1920, le Conseil Municipal menglonnais contacte l'agent voyer cantonal pour une aide administrative. Le 27 novembre 1920 est constitué un « comité pour l'érection d'un monument aux soldats morts pour la patrie » ; sous la présidence du maire M. Chagnard, c'est ce comité qui lancera la souscription publique, suivra le projet et restera en relation avec la « commission artistique départementale » instaurée par l'État.
Un marché de gré à gré est passé en 1921 avec l'entreprise Jacomet du Vaucluse pour la fourniture d'une statue de poilu de 1,60 m. de hauteur. La somme de 3500 francs comprend aussi le scellement et le piédestal en marbre est commandé à l'entreprise dioise Jean Frères ; un artisan menglonnais, Jérémie Favier, intervient aussi.
Huit obus de 155 mm. sont attribués à la commune de Menglon au titre de trophées de guerre, mais il n’y a aucune certitude qu'ils aient été récupérés au Parc d'Artillerie de Lyon.
L'emplacement du monument relève d'un choix politique clair : au plus près de l'école publique et de la Mairie, « sur une des places publiques de Menglon », affirmant ainsi la primauté de la République laïque. D'autres municipalités placeront le monument dans le cimetière ou même devant l'église, leur permettant ainsi d'ajouter un emblème religieux.
Le choix de la statue de Menglon est moins affirmé : le poilu représenté n'est ni revanchard, ni même accablé ou résolument pacifiste ; il mesure 1,60 m, se tient droit, les deux bras appuyés sur le canon de son fusil (un Lebel 1886 ?) ; ni drapeau, ni flamme, ni coq. Cette statue est d'un « caractère exclusivement commémoratif de gloire, d’héroïsme ; ce monument est de nature à satisfaire tous les goûts et toutes les tendances », comme l'affirment les établissements vauclusiens Jacomet dans leur brochure publicitaire.
A Menglon, la réception des travaux se fait le 27 août 1923 et l'inauguration a lieu le dimanche 10 septembre suivant ; on note « une affluence considérable ». Les personnalités se succèdent pour prononcer leur discours : M. Chagnard, maire, M. Reynaud, sénateur et conseiller général du canton, MM. Nadi, Escoffier et Archimbaud, tous trois députés ; « à l'issue de l'inauguration, un banquet tout amical a réuni de très nombreux convives ».
Beaucoup plus tard, en mai 2013, et sous l'impulsion du maire H. Lagarde, la statue est restaurée et peinte en bleu horizon, couleur des uniformes de 1915. Jusque-là, le pantalon de couleur rouge garance faisait des poilus une cible très facile.
Mais qui sont ces 37 poilus menglonnais inscrits ?
Leur nom est gravé dans l'ordre chronologique du décès sur le champ de bataille ; sont ensuite inscrits le nom des disparus ou des morts dans les hôpitaux (et dont la date nécessite un jugement). Cela représente 5,5% de la population menglonnaise (720 habitants en 1911, 620 en 1921).
Les Poilus sont âgés de 20 à 46 ans ; 5 avaient moins de 21 ans (F. Joubert, E. Liotard, E. Cheva, A. Gary et L. Grisal); les 2 plus âgés sont des militaires de carrière (A. Oddon et P. de Rostand) .
Vingt-sept sont natifs de Menglon, d'autres de Glandage (quatre) mais aussi de Boulc, Pennes (Drôme), Bourdeaux, Chateauneuf-sur-Isère, Pernes-Les-Fontaines (Vaucluse) et enfin Marseille.
Ils sont pour la plupart cultivateurs (27) mais aussi meunier (J. Bernard), menuisiers (H. Maillefaud et J. Marin), mineur (E. Lamande dans les mines de Piémard ?), maçon (G. Aventure) ou boulanger (H. Bourdat) . Trois sont militaires de carrière (J. Chambon, A. Oddon et P. de Rostang)
Comme pour le reste de la France, la moitié d'entre eux meurt pendant les 18 premiers mois du conflit, en 1914 et 1915.
24 sont morts sur le champ de bataille, 10 suite à des blessures, 1 en captivité (A. Gary) et 2 (J. Bernard et E. Sylvestre), très peu après le conflit des suites de blessures de guerre.
Deux familles sont particulièrement touchées par cette guerre : les Bertrand ont perdu trois fils (Elie, Henri et Paul-Clovis) , les Thiers (originaires de Glandage) en ont perdu deux (Auguste et Paul).
N'oublions pas les blessés ne figurant pas sur le monument. Dès 1920, est rédigée une liste provisoire puis une seconde définitive en 1922. Chaque poilu a sa blessure décrite, sa fiche complétée du montant de l'allocation ou d'un pourcentage d'invalidité. Sur les 28 soldats comptabilisés, 3 ont perdu un œil, 7 souffrent de problèmes respiratoires, 12 ont subi l'amputation d'un membre ou ont un membre avec de graves blessures (mains, cuisses, jambes...) ; comment travailler avec de telles séquelles ? Le Conseil Municipal est d'ailleurs régulièrement interpellé pour aider des familles en grave difficulté financière.
Notons par ailleurs que :
Morts, blessés, invalides : la guerre reste présente dans la vie quotidienne menglonnaise et ce pour de nombreuses années.
On sait maintenant qu'elle ne fut malheureusement pas « la Der des Ders ».
par Gudrun Mattes
Bientôt en 2022, nous fêterons l'anniversaire de la naissance et de la mort d'Yvonne Oddon,
Yvonne Oddon (1902 -1982) est une grande résistante, co-fondatrice d'un des tout premiers réseaux de résistance dès 1940. Elle est aussi une grande dame de la documentation qui a beaucoup travaillé pour rendre les bibliothèques accessibles à un grand public. Mais surtout, c'est un personnage de l'Histoire de la France qui est étroitement lié à notre commune.
Yvonne Oddon est fille d'une famille protestante dioise qui a son berceau à Menglon. Elle est certes née à Gap, car la famille suit les affectations du père qui est officier de carrière, mais Yvonne passe toutes les vacances de son enfance dans le Diois et une fois adulte, elle retourne régulièrement dans la maison familiale au Payats.
Elle passe ses études de bibliothécaire à Paris, à l'Ecole américaine de bibliothécaires qui est à l'époque à la pointe des nouvelles méthodes de la documentation. Fin des années vingt, début des années trente, elle passe plusieurs années aux Etats-Unis pour compléter ses études.
Yvonne Oddon était une bibliothécaire reconnue dès avant-guerre, très attachée à l'éducation populaire. La grande passion de sa vie était son engagement pour que les livres et le savoir puissent être partagés.
En tant que directrice de la bibliothèque du musée ethnographique du Trocadéro (1929) qui devient en 1937 le Musée de l'Homme, elle modernise résolument la bibliographie et transforme la bibliothèque en un lieu agréable, accessible pour un public large. En 1937, elle est désignée pour co-diriger la section bibliothèque de l'exposition Universelle de Paris.
En juin 1940, Yvonne Oddon s'insurge immédiatement contre l'Occupation allemande et contre le régime de Vichy. Elle est l'initiatrice d'un des tous premiers réseaux de Résistance en France: Le réseau du musée de l'Homme. Ensemble avec ses collègues et amis, elle fonde un groupe, qui organise des filières d'évasion vers l'étranger, qui fournie des renseignements pour les Alliés, et qui rédige un des premiers journaux clandestins : « Résistance » dont le titre est inspiré par Yvonne Oddon. Au bout de quelques mois, le groupe se ramifie en de multiples sous-groupes dans toute la France ; Ils comptent plusieurs centaines de membres.
Yvonne et son compagnon, l'ethnologue Anatole Lewitzky sont arrêtés le 11 février 1941. D'autres arrestations suivent et le groupe est presque entièrement démantelé. Dix membres du réseau sont condamnés à mort, dont Yvonne Oddon. Les sept hommes sont exécuté, tandis que les femmes voient leur peine commuée en déportation.
Yvonne Oddon passe quatre années dans plusieurs prisons : d'abord à Paris, ensuite en Allemagne au camps de concentration de Ravensbrück et finalement à Mauthausen. Encore à Paris en prison,
elle essaie de prévenir d'autres membres du réseau par sa correspondance clandestine, cachée dans l'ourlet d'une jupe.
Libérée en avril 1945 grâce à une intervention de la Croix-Rouge suédoise, elle passe d'abord un certain temps dans le Diois. Elle est accueillie à Menglon en fanfare. Malgré un épuisement extrême, elle tient plusieurs conférences, dont une à Chatillon-en-Diois. A cette occasion, elle initie la première bibliothèque du Diois de l'après-guerre : « La bibliothèque circulante du Diois et du Vercors ».
C'est une époque où le pain est rare et on pouvait penser qu'il y avait d'autres priorités que la lecture publique. Mais Yvonne Oddon considère au contraire que que la reconstruction intellectuelle est aussi importante que la reconstruction matérielle. Pendant ces premières années après-guerre, de multiples caisses de livres circulent dans les villages les plus reculés du Diois et du Vercors et à Die il y même une salle de lecture chauffée pour permettre la population de s'instruire et de se divertir, longtemps avant la création d'une bibliothèque municipale ou départementale.
Vers la fin des années quarante, Yvonne Oddon s'investit dans de multiples missions de l'UNESCO : pour l'alphabétisation à Haïti, pour la muséologie des pays africains qui ont récemment acquis leur indépendance et qui n'ont que peu de moyens pour se créer leurs musées.
Elle continue à séjourner régulièrement dans le Diois. En 1981, elle reçoit la Légion d'honneur. Yvonne Oddon décède le 7 septembre 1982. Selon ses vœux, elle est enterrée aux Payats (Menglon), au cimetière familial de la famille Oddon.
Malgré le rôle majeur qu'elle a joué dans la Résistance et l'importance de son engagement pour les bibliothèques en France, Yvonne Oddon est peu connue dans le Diois et à Menglon. Aux Payats, où elle a passé toutes ses vacances avec sa famille, son souvenir est encore vivant, mais il risque de s'estomper avec le temps. Ailleurs, peu de personnes se souviennent de son nom.
Peut-être trouverons-nous bientôt l'occasion de l'honorer et de lui donner une place qui lui est due dans le mémoire collective.
par René Joanin
Si les phénomènes électriques sont connus depuis l’antiquité, leur utilisation remonte au début du 19ème siècle (Volta, 1ère pile en 1800, Barlow 1er moteur en 1822 et surtout Edison, 1ère ampoule puis alternateur en 1879).
Dans une France rurale à plus de 45%, cette nouvelle source d’énergie fait fantasmer le monde agricole et l’exposition universelle de Paris en 1881 foisonne de propositions de machines supposées adaptées aux travaux des champs (labourage, culture nocturne, dressage des chevaux…..).
Pour encadrer cette évolution, l’état vote les lois du 15 juin 1906 puis du 16 octobre 1919.
Chez nous, l’arrivée de l’électricité passe par Châtillon : dès 1920, Basile Gaude construit une usine électrique à Mensac ; un canal conduit l’eau qui, sans passer par une conduite forcée, fait tourner un générateur. Les sociétés «Force et Lumière électrique » et « Gaude et fils » sont en concurrence pour éclairer le village ; mais c’est cette dernière qui va s’imposer en électrifiant en quelques années 11 communes de notre territoire (Châtillon, Menglon, Menée/Treschenu, St Roman, Pont de Quart/Aix, Recoubeau, Montlaur, Montmaur, Barnave, Mensac/Creyers et Laval d’Aix).
En 1926, Basile Gaude installe une seconde usine électrique sur l’Archiane en construisant un barrage à 500 m en amont de Menée. D’autres usines (dont une dans un ancien moulin à eau et une seconde à l’entrée de Mensac côté ouest du pont) seront ultérieurement installées ; certaines fonctionnent encore. L’eau coule dans des canaux puis des conduites métalliques pour gagner en vitesse et puissance ; elle propulse alors un générateur « à bâches » (bâti en fonte conduisant l’eau sur la turbine). Dès après 1920, l’électricité produite est amenée jusqu’à Châtillon par une ligne en fil de fer avec pylônes et poteaux en pin; au début, M Gaude utilise le courant électrique pour faire fonctionner sa perceuse et le soufflet de la forge ; il s’éclaire aussi avec une ampoule. Très rapidement, des demandes de châtillonnais affluent.
A Menglon, le conseil municipal se réunit en session extraordinaire le 14 avril 1924 et vote une motion pour l’électrification de la commune ; cette motion demande l’aide technique et financière de l’état : un second courrier (16 mai 1924) rappelle que le projet concernera 2000 habitants et 130 familles.
Des sociétés d ‘électrification ont déjà offert leurs services (par exemple, la société parisienne Gilbert et Compagnie en mai 1923) mais Basile Gaude s’est d’ores et déjà engagé à fournir le courant électrique.
Un syndicat intercommunal d’électrification est créé avec les communes de Recoubeau et St Roman ; ce syndicat est reconnu officiellement par le préfet le 13 juillet 1925 ; son siège est à Menglon et cette commune y adhère le 30 mai 1926.
Le dossier technique est préparé par l’ingénieur du génie rural en janvier 1926 : il prévoit 16,5 Km de ligne Haute Tension (5000 volts), 8,6 Km de lignes Basse Tension (200 volts) et 10 transformateurs.
M. l’ingénieur note par ailleurs que l’utilisation de fil en fer (plutôt que le cuivre) baisserait le coût global de 30 000 francs et que ce serait un choix technique à discuter avec M. Gaude.
De son côté, le 11 octobre 1926, le Conseil municipal demande à la préfecture « qu’il y a lieu d’émettre un avis favorable à la mise en enquête immédiate des propositions présentées par M Gaude et fils » ; cela permet d’accélérer les démarches administratives et facilite les relations avec les riverains et propriétaires ; c’est ce que fait le préfet le 3 janvier 1927.
Le projet est budgétisé à 266 000 francs (mais il coûtera en définitive 320 138 francs aux communes) ; le concessionnaire gardera à sa charge 44 000 francs, l’état financera par ailleurs le projet (par subventions directes ou facilités d’emprunts), et le restant sera payé par les 3 communes au prorata de leur population (90 00 francs pour Menglon et ses 620 habitants).
Mais cette dépense représente une somme importante pour de petites communes rurales et le syndicat et les municipalités doivent recourir à des emprunts :
• Le 11 octobre 1926, un 1er emprunt pour les trois communes d’un montant de 181 000 francs (1810 actions de 100 francs) est voté, pour une durée de 30 ans et avec une rémunération de 6%.
• En septembre 1927, un 2nd emprunt visant à faire le joint avec le versement des subventions nationales est proposé à la population ; c’est un emprunt à court terme, 2 ans, d’un montant de 51 200 francs ; on reconnaît beaucoup de menglonnais parmi les souscripteurs.
Un cahier des charges est rédigé et signé par Basile Gaude et le président du Syndicat le 20 février 1927. La concession a une durée de 30 ans ; le document précise les prix qui devront être appliqués et quelques données techniques :
• Pour les particuliers : possibilité d’avoir un contrat au forfait (2,50 francs par mois pour 2 ampoules de 11 bougies), ou de payer à la consommation avec la pose d’un compteur (0,95 francs le KW/h).
• Pour un usage industriel ou agricole, les prix s’échelonnent de 0,40 à 0,60 francs selon la puissance souscrite ; mais interdiction d’utiliser le courant de 17H à 8 H le lendemain.
• Des réductions de tarif (20 ou 30%) sont prévues pour les bâtiments publics (les 3 écoles, la mairie) ou l’éclairage public.
• Des pénalités sont prévues en cas de chute de puissance, d’interruption de courant, ou de non-respect d’une clause du cahier des charges.
Basile Gaude organise les travaux avec 3 équipes, une première (5 ouvriers) s’occupe du réseau, une seconde (5 ouvriers) pose les installations domestiques, enfin une troisième prépare le travail en atelier.
En 1927, une dizaine de pylônes métalliques sont installés : ils sont situés successivement sur la rive droite du Bez après Châtillon, pont de Menglon, Les Payats, Menglon, quartier Le Pouyet (puis St Roman), Recoubeau (gare puis village), Luzerands ; entre deux pylônes sont intercalés des poteaux en pin ; des fils nus (en cuivre ou en acier galvanisé) traversent tout le territoire menglonnais ; la ligne haute tension part de Châtillon, puis distribue six transformateurs (qui baissent la tension de 5000 volts à 200 volts) ; un transformateur pour Les Payats et Les Boidans ; un autre transformateur pour Les Bialats et Les Gallands ( entre ces deux hameaux); un troisième transformateur est situé près du monument aux morts pour Menglon Village. De là, une ligne haute tension repart vers Luzerands qui reçoit un quatrième transformateur ; un autre est installé vers Le Pouyet (puis St Romans) et un dernier vers La Tonnesse et Recoubeau (gare puis village). Concernant les Gallands, des doutes avaient été exprimés car « le courant électrique n’y arriverait jamais, ça montait trop » !!!!
Les poteaux en pin livrés en gare de Recoubeau par une entreprise de Gap nécessitaient de fréquentes réparations (pose de socles en béton au pied par exemple) et les transformateurs étaient très sensibles à la foudre; remplacer un appareil de près de 100 KG en tête de pylône était périlleux et la montée aux poteaux nécessitait l’utilisation de grappins fixés aux chevilles.
Les travaux avancent rapidement et le 22 octobre 1927, Basile Gaude écrit à l’ingénieur du génie rural pour faire un point d’étape : l’installation est finie à St Roman (« nous mettrons le courant d’ici quelques jours ») ; le quartier de la gare à Recoubeau a le courant et « je vais commencer le passage souterrain du chemin de fer » ; quant à Menglon village, la lumière électrique brille depuis les premiers jours de septembre, le samedi soir veille de la fête votive et « c’était du délire pour tous ces gens ». Mais Basile Gaude est taquin : « façon de régaler, j’avais dit à quelqu’un que je n’avais qu’une quinzaine de lampes, avec recommandation de ne pas le dire ; mais une heure après, j’étais envahi par des clients ; ils supplient au moins une lampe pour la salle à manger. Pour en finir, tout le monde a été servi …. ».
Bien entendu, l’éclairage public n’est pas oublié et une lampe est installée dans chacun des 7 hameaux.
Quelques mois après, le réseau est contrôlé et le 14 août 1929, le préfet rappelle à Basile Gaude qu’il doit suivre les prescriptions légales de sécurité ; il lui demande de « revoir le branchement d’un particulier aux Gallands », lui rappelle que « les poignées des interrupteurs à haute tension sont à isoler », que «des affiches sont à poser sur les pylônes supportant les transformateurs » et enfin que les consignes concernant « la traversée de la ligne du tramway à vapeur » sont à respecter : toutes ces erreurs devront être « corrigées avant le 15 septembre 1929 ».
Si les hameaux sont rapidement électrifiés, les fermes isolées (« les écarts ») devront attendre quelques années : mais dès 1930, le maire demande une aide technique (auprès du génie rural) et des subventions (auprès de l’état) pour l’électrification de 35 fermes isolées : des études sont menées par l’ingénieur du génie rural et les travaux seront terminés les années suivantes avec l’installation de deux transformateurs supplémentaires (près du château de St Ferréol et à Blanchon)
Ce n’est qu’en 1937 que l’école et la mairie soient munies d’une installation avec points d’éclairage et prises électriques.
Mais tout ne va pas toujours simplement :
• Dans 2 lettres de janvier 1927 à l’ingénieur, Basile Gaude parle d’une réunion publique mouvementée (on lui demande de baisser les prix…..) et de la menace de Recoubeau de « se retirer du syndicat » si la ligne n’est pas en cuivre.
• Le 26 août 1927, le maire M. Rambaud demande à M. l’ingénieur du Génie Rural de venir au plus tôt car il apparaît que « la longueur des fils est incorrecte ainsi que la répartition des charges entre les communes ».
• En décembre 1928, 3 habitants du hameau de Perdyers font une demande de branchement sur le réseau; le conseil municipal leur répond vertement, que tout d’abord ils n’ont porté « aucune remarque sur les documents de l’enquête publique », que « deux d’entre eux ne sont ni domiciliés ni électeurs » sur la commune, que « le prix du cuivre a augmenté » obligeant à revoir le projet initial à la baisse et qu’enfin, ils peuvent bien prendre « les frais à leur charge » (comme d’autres). C’est d’ailleurs ce que ces habitants se résoudront à faire ; mais ils devront demander à M Archimbaud, député local, d’intervenir pour recevoir leurs subventions promises (lettre du 17/11/1933).
• Enfin, il est fait appel à un avocat grenoblois (mais pour quelles missions ?).
Dans les hameaux, les lignes passent de maisons en maisons en aérien et les fils nus sont supportés par des isolateurs en porcelaine ou verre (les « tasses »). Dans les maisons, l’électricité est distribuée dans les pièces par des fils enrobés de tissu et cachés dans des moulures en bois ; des « tabatières » de sécurité (en porcelaine avec un fil en plomb qui fond si surtension) protègent l’installation; ne sont prévus que des points d’éclairage et peu de prises électriques car les appareils en nécessitant sont encore rares. Dans les caves, plus humides, les fils sont conduits dans des tubes métalliques bituminés.
La facturation se fait soit selon la consommation si un compteur a été posé, soit au forfait selon le nombre d’ampoules ; d’ailleurs existait un interrupteur (appelé « chambre d’hôtel ») qui permettait au client de n’allumer qu’une seule ampoule à la fois même en cas de pose de plusieurs ampoules : le forfait était donc moins cher.
M. Gaude faisait mensuellement 2 fois la tournée des clients, une 1ère fois pour relever les consommations et une 2nde fois pour donner la facture et être payé.
En 1946, presque la totalité des habitants de la commune sont dotés de l’électricité, alors que ce n’est le cas que de seulement 50% de la Drôme. C’est en 1961 que Menglon quitte le Syndicat d’électrification de St Roman et Recoubeau ; la commune intègre alors le Syndicat Intercommunal d’Electrification du Diois puis le Syndicat départemental des énergies de la Drôme (SDED).
Sources :
• Archives municipales de Menglon : 4o1, fonds annexe,
• Archives municipales de St Roman : 1o6
• Archives départementales de la Drôme : 1z227, 7m753, 7m754
• Journal de Die du 17/09/1927
Pour aller plus loin :
• Revue drômoise n° 546 (juin 2012, histoire de l’électrification dans la Drôme).
• La Ruche d’Or de l’Invisible, Jean Oddoz ; imprimerie Cayol.
• Chroniques de l’ancien temps, Jean Oddoz, imprimerie Cayol.
• Carnet de la mémoire châtillonnaise , Danièle Haeringer, association Arts et Vigne, juin 2013, tome 2.
• Site Cairn-Info
Remerciements à
• René Gaude pour sa mémoire sans défaillance.
• Mme Valérie Magnan, archiviste, pour son aide technique.
par René Joanin
Le premier recul des forêts
Dès le XIIème siècle, le pouvoir central se préoccupe de l'état des forêts françaises ; plus tard, c'est Colbert qui réorganise le service de gestion des forêts, dans le but essentiel de ne plus importer le bois pour la construction de la marine de guerre.
Déjà en 1730, les commissaires chargés de la « réformation des bois » (ordonnée par le roi en 1699) signalent dans leur procès-verbal que la communauté de Menglon ne possède que 10 stérées (soit moins de 3 hectares) de mauvaises broussailles (hêtres et noisetiers).
Lors de la rédaction de leurs réponses à l’enquête de 1789 (appelés Cahiers de Doléances dans d'autres provinces), les Menglonnais signalent que « la communauté avait quelques bois [illisible] ou fayards mais ils ont été totalement détruits […] ».
Car l'accroissement de la population des XVIIIème et XIXème siècles demande plus de terres arables, de pâturages, de bois (chauffage, constructions, charbon de bois pour les fonderies, troncs pour les conduites d'eau). Il faut aussi parler des troupeaux de caprins accusés de brouter les arbustes, les jeunes plans et les branches basses. Les essartages (déboisements) se multiplient sur des coteaux de plus en plus hauts.
Années après années, le recul des forêts atteint une côte d'alerte avec des conséquences désastreuses pour une population à 80% rurale : érosions, crues, inondations, disparitions ou détériorations des terres agricoles.
Déjà en 1849, des propriétaires des Gallands (hameau de Menglon) s'adressent au sous-préfet car ils craignent que leurs propriétés de Combe Reygnier et des Couëtes soient « englouties » par des coulées de boue venant de parcelles déboisées. Le sous-préfet de Die demande donc au Maire (si la commune est bien propriétaire des parcelles incriminées), « qu'il y soit fait défense d'arracher des bois et d'introduire des bestiaux pour les pâturages ». Mais il rappelle plus loin que le Maire ne pourrait intervenir si « ces propriétés étaient privées, attendu que chacun jouit de disposer […] de son bien ».
Les lois de Restauration des Terrains de Montagne
En 1860, 1864 puis 1882, trois lois sur La Restauration des Terrains en Montagne (RTM) sont votées pour lutter contre le déboisement. Mais ces 3 lois sont parfois accueillies dans l'hostilité car les enjeux ne sont pas anodins pour les habitants, agriculteurs, bergers, qui ont peur de perdre des surfaces de culture ou de pâturage ; si les habitants de Menglon, Luc, Jonchères, expriment leur satisfaction, (même réservée sur le tracé des périmètres de reboisement), d'autres communes (Glandage, Treschenu, Jonchères.....) refusent l'application de ces lois, mais sans succès ; ils expriment leurs craintes, souvent justifiées, que leurs troupeaux soient interdits de pacage (pâturage) et que certaines parcelles privées ne soient enclavées dans les périmètres de reboisement, empêchant les troupeaux d'y accéder sans commettre de délit ou sans passer dans le lit d'un ruisseau ; ceci au risque que « les troupeaux et les adolescents qui les conduisent ne soient noyés ». Leurs craintes semblent justifiées puisque que, dans le Diois, les troupeaux d'ovins ont déjà diminué de 10% entre 1852 et 1862.
La sous-préfecture suit le dossier de près : le 1er tracé du périmètre de reboisement est repoussé et il est demandé que tous les travaux soient faits sans priver les habitants de leurs pâturages ; un 2nd tracé sera finalement validé en 1865.
Sous la supervision de forestiers (qui seront chasseurs-forestiers dépendant du ministère des armées pendant quelques années), plusieurs campagnes successives sont organisées pour reboiser le Diois et notre commune. Beaucoup sont effectuées sur Piémard, autour des Boidans (hameau de Menglon) mais surtout dans les vallons du Pinet , du Mian et sur les environs de Luzerands : engazonnements, plantations ou semis (graines de pins sylvestre venant de Sylésie, épicéas, pins noirs, aulnes de Corse à feuilles en cœur...) ; dans d'autres communes, on trouvera aussi des acacias, des frênes, des érables....
D'autres travaux de reboisement obligatoire sont à la charge des propriétaires ; seuls sont fournis gratuitement les plans, glands ou graines, mais avec des pénalités si le délai de plantation prescrit est dépassé.
Le suivi du reboisement
En 1875, 3 membres du conseil général de la Drôme sont missionnés pour analyser ces travaux de reboisement ; dans leur rapport, ils notent que la population « se prononce énergiquement pour la mise en défends de toutes les parcelles en ruine […] et manifeste ses sentiments contre les tranchées ameublissantes qu'elle considère comme des causes d'éboulements ». « Nous pensons que des parcelles de Combe-Régnier ou des Gallands n'ont été englobées [dans le périmètre de reboisement] que par des études incomplètes ».
Plus loin encore, ils regrettent que les périmètres de reboisement n'aient pas été communiqués à la Mairie et aux habitants ; ils signalent qu'aucun barrage n'a été construit sur le ruisseau du Pinet malgré l'absolue nécessité et que les 40 barrages érigés sur tout le coteau de la Sudière (les coteaux rive droite du torrent du Pinet) « inspirent une grande défiance aux habitants ». C'est dans le secteur du col Pinet que les rapporteurs croisent une équipe de quinze ouvriers forestiers italiens.
Enfin, ils font part d'une note « revendicative » signée par le Maire de Menglon et 7 conseillers municipaux ; ces signataires se plaignent, entre autre chose, des méthodes de reboisement et du peu de concertation avec les services des eaux et forêts ; ils demandent de plus que « le gazonnement soit préféré à tout autre procédé, avec le concours de plantes naturelles ».
Plus globalement, ils jugent la politique de reboisement dispendieuse (et spécialement pour les communes qui reçoivent une aide sous forme d'emprunts à rembourser !!!) et sans concertation ; ils sont très sévères quant au choix de creuser des longues tranchées parallèles pour planter les jeunes arbres alors que la technique par « potets » aurait été beaucoup moins dégradante pour le sol.
Comble du comble, ces mêmes rapporteurs signalent que sur la proche commune de Treschenu, des chênes ont perdu 30 cm de hauteur depuis leur plantation tant « on s'était fourvoyé dans le choix des essences ».
Les critiques à l'encontre des agents et de l'administration en charge des forêts sont récurrentes : déjà en 1824, le conseil municipal de Menglon avait demandé au sous-préfet d'organiser une réunion car les forestiers étaient accusés « d'abus », « de dresser des procès-verbaux illégaux ». Plus tard en 1830, il leur fut demandé des éclaircissements quant à « la gestion et la police des bois du Pinet » ; encore plus tard en 1864, des habitants s'étaient plaints « que le reboisement a été fait sur leurs parcelles aux Gallands ».
Pourtant, les gardes forestiers ne sont pas laissés sans surveillance hiérarchique ; ils doivent quotidiennement remplir leur « carnet de triage » : avec la date et le nom du secteur visité, les gardes notaient le plus souvent « rien vu, rien de neuf, rien constaté ». Mais on peut aussi trouver « échenillage […], avons notifié douze copies de procès-verbal de pâturage […] et renvoyé l'original […] à M. l'Inspecteur de Die […] PV contre Galland David coupable d'avoir coupé de la lavande avec une serpette ».
Les premiers effets lents mais réels
De 1884 à 1910, l'État étend encore ses périmètres par l'achat de nombreuses parcelles (à Cerne, Bouleron, Piemard), privées ou communales, enclavées ou en limites des forêts domaniales.
Mais tous ces travaux sont longs à produire des effets significatifs : les cartes postales d'alors montrent les coteaux de Piémard, Serre Marcel, La Grésière complètement déboisés.
Il n'est donc pas étonnant qu'en janvier 1899, une forte crue « renverse la digue d'un barrage et un énorme volume de déjection [se soit] déposé au milieu du lit » du torrent du Pinet. Le conseil municipal délibère en février suivant et vote un financement de 400 francs pour la réfection de ce barrage , avec une participation de 300 francs de la part des habitants des Gallands.
Encore aux Gallands, début août 1901, le ruisseau du Mian sort de son lit ; dès le 11 août, le conseil municipal demande aux agents forestiers de rédiger un projet de canalisation du ruisseau , d'en surveiller les travaux mais aussi de les payer sur le compte de la RTM ; les propriétaires riverains ne payeront qu'une petite partie.
Ces travaux ont été coûteux et représente « une énormité de dépenses » décidées unilatéralement par l'état ; « 56 000Fr pour Menglon […] avec un taux d'intérêt de 5%. ce n'est plus de l'obération, c'est de l'écrasement » !
Mais soyons justes ; une commune limitrophe comme Luc en Diois a « approuvé complètement les dispositions […] et les réclamations paraissent avoir toujours été écoutées ».
Autre constat positif : à l'automne 1872, de fortes pluies provoquent à Châtillon en Diois de graves dégâts ; « la route départementale n°8 a été détruite à 17 endroits, une passerelle a été emportée, des digues ont été renversées » ; si le ruisseau Lagier n'est pas « venu », il « faut attribuer son innocuité à la présence de barrages. »
Et encore : en 1873 Monsieur le conservateur des Eaux et Forêts note avec satisfaction « que l'opinion publique se prononce de plus en plus en faveur de cette grande entreprise et que les communes sollicitent à l'envi les secours de l'administration forestière ».
Les rapporteurs du Conseil Général notent eux-mêmes que « c'est avec raison que par les lois de 1860 et 1864, on a donné un caractère d'utilité publique au reboisement et au gazonnement avec une série de mesures que ni les communes ni les particuliers [ne pourraient appliquer avec] toute la persévérance et l'esprit de suite nécessaires. »
La dernière campagne de reboisement des années 1950
Quelque décennies plus tard, fin des années 1950, l'Office National des Forêts rachète les parcelles de la ferme de Pierron (ferme de Menglon située à 1000m d'altitude sur Serre Marcel et abandonnée peu de temps avant) ; une équipe d'une dizaine de jeunes de la commune est embauchée pour reboiser le secteur : « On partait tôt le matin avec notre casse-croûte de midi et une pioche ; une pépinière « volante » avait été organisée et un garde-forestier distribuait les petits plans de pin noir d'Autriche et supervisait notre travail » expliquent M. Oran et I. Achard. « Deux ans plus tard, je faisais partie de l'équipe qui désherbait autour des jeunes pins ; l'argent gagné m'a servi à passer le permis de conduire ! » se rappelle JL Pestre. « J'ai aussi participé à la construction d'un ouvrage sur le ruisseau de Mian en entrecroisant des troncs de pin avec des poutres en acier plantées dans le lit du ruisseau ».
Mais après le déboisement provoqué par l'homme, après la « résurrection » des forêts grâce à une politique volontariste, comment les arbres de notre territoire vont-ils s'adapter face à un dernier défi : le réchauffement climatique ?
Documentation :
• Archives de Menglon 3D1,3D2,3D3, MN6
• Archives départementales : 7M928,7M, 15PM 16PM
• Rapport sur le reboisement au CG de la Drôme, Félix Germain, 1873 (collection personnelle)
• Entretien avec un garde-forestier retraité pour relecture et conseils; merci !
• Chroniques Dioise N°31 et 32 (juillet et décembre 2019)
Pour aller plus loin :
• podcast France Culture « le cours d'histoire, histoires de forêts, n°1, 2, 3 et 4 »,
• Média-Citoyen-Demain, article « vivifiant » de Gilbert David le 1er mars 2021.
• Chroniques Dioises n°31 (décembre 2022), n° 31 (juillet 2019)
• R Blanchard, Reboisement dans les préalpes du Sud, Revue de géographie alpine 1944, Persée.
(Article rédigé avec l'aide précieuse de Jacques Planchon, conservateur-directeur du Musée de Die, et René Joanin, Menglonnais passionné d'histoire)
La présence humaine néolithique est attestée par la découverte de silex travaillés, de haches de pierre, poteries et objets divers, dans les « terres blanches » (lieu-dit aujourd’hui connu sous le nom de Messagendre), vers le château St-Ferréol et au Pouyet. Les préhistoriens font remonter ces vestiges au 5ème millénaire avant Jésus Christ : la civilisation chasséenne. Ces chasseurs-cueilleurs vont se sédentariser dans les grands sites de plaine comme Menglon. Leur installation amorce la pratique des déforestations par le feu au profit du pastoralisme. Le site des Terres-Blanches devient à la fin du Néolithique (vers 3000-2500 av. J-C.) un important carrefour d’échanges de matériaux où passent les jadéites du Piémont italien pour fabriquer des haches polies, des quartz suisses et savoyards et des blocs d’obsidienne de Sardaigne pour en faire de petites lames très tranchantes, des silex divers venus du Vercors ou de Provence, et sans doute les premiers objets en cuivre italien.
À l’époque gauloise, la population locale fait partie des Voconces, peuple celte qui occupe un large territoire entre le Vercors, la Durance, le Ventoux et les abords du Rhône et établit des relations avec les Étrusques du nord de l’Italie et les Grecs de Marseille. C’est en 125-124 av. J-C. que les légions romaines prennent pied à l’ouest des Alpes. Battus, les Voconces finissent par signer un traité bilatéral avec Rome, ce qui leur permet de conserver une forme d’autonomie et, peu à peu, les gaulois adoptent les modes de vie romains.
De nombreux vestiges gallo-romains ont été retrouvés sur la commune et en bordure de la voie qui longe la Drôme. Ainsi, une borne milliaire du IVe siècle conservée aux Boidans provient sans doute de cette route Milan-Valence qui traversait le pays Voconce. Cette route se maintient après la disparition de l’Empire romain et l’évêque de Die s’impose comme nouveau pouvoir : une villa Menglone (résidence) est mentionnée dès 1058, puis le castrum Menglonis (château) est reconnu comme seigneurie épiscopale en 1165 et confirmé à l’évêque en 1178 et 1214, au sommet du Serre des Combes. Profitant d’une vue panoramique et d’une exposition Sud, le château et son enceinte ont été démantelés vers la fin du XVIème siècle au cours des guerres de religions.
La carte d’État-Major de 1866 permet de voir la structure urbaine de Menglon perché sur la Serre des Combes, ainsi que plusieurs entités distinctes : le hameau de Luzerant en contrebas du ruisseau de Pierron ; le hameau des Tonons, où les constructions sont structurées autour d’un axe viaire principal ; les hameaux des Boidans, des Bialas, des Payas et des Galands, nichés au bord des cours d’eau (zones en vert foncé sur la carte). Ces implantations permettaient aux habitants d’être situés à proximité d’un point d’eau et des routes, dans des tissus urbains médiévaux denses aux habitations regroupées. À ces hameaux, s’ajoutent les bâtiments patrimoniaux du Château de Perdyer et du château St-Ferréol, vieux de plus de 700 ans. Au milieu du XIXème siècle, Menglon comptait presque 900 habitants.
La construction de la Mairie et de l’École en 1889 au croisement des routes en contre-bas initient le « déperchement » du village. Petit à petit, le village initialement implanté en hauteur est déconstruit et reconstruit au début du 20ème siècle au pied de la colline, emplacement plus propice pour les déplacements et l’accès à l’eau, d’où son surnom « Le Pied de la Vallée ». Il en reste aujourd"hui des murs de soutènement, des bouts de remparts, des escaliers, des caves...